Edimbourg #18
Journée 18 – 23 mars 2025
Petit déjeuner catastrophe et froid mordant
Ce matin, le froid écossais rend le réveil particulièrement difficile. Avec les 7 degrés annoncés, il me fallait une vraie force mentale pour sortir du lit. Pendant ce temps, Dom, lui, était déjà prêt. Habillé, douché, motivé. Une sorte d’énergie mystérieuse le poussait à entamer la journée — il savait exactement ce qu’il voulait visiter et ne perdait pas une seconde. Il est même venu me chercher pour tenter de m’extirper de sous la couette. J’ai fini par me lever à mon tour, et on a pris la direction du centre-ville, à pied, pour profiter un peu du chemin et s’imprégner de l’ambiance.
En sortant de l’appartement, je remarque pour la première fois que l’on est littéralement à deux pas d’un cimetière. Et pas un petit, non — un vrai cimetière ancien, aux pierres sombres et aux grilles en fer forgé. Cette ville me donne des frissons. Elle a une aura étrange, presque gothique, où l’on sent que le passé affleure à chaque coin de rue. Il y a une atmosphère particulière ici, quelque chose de mystérieux et d’un peu pesant.
Une fois arrivés près du centre historique d’Édimbourg, un constat s’impose : cela faisait plus de 24 heures qu’on n’avait rien mangé. J’avais déjà faim la veille dans l’avion, alors autant dire qu’à midi passé, j’étais au bord de l’évanouissement. Dom avait repéré un spot pour bruncher, mais les œufs en photo ne me donnaient pas du tout envie. Il trouve alors une autre adresse qui semble très prometteuse. Mais sur le chemin, je croise une boulangerie italienne. Focaccia, mozzarella, charcuterie… tout ce qui, en principe, ne peut pas se rater. J’ai tellement faim qu’on décide de s’y arrêter.
Le gérant semble être italien, ce qui me rassure. On commande deux cafés latte, une focaccia sandwich et un panino. Quand les plats arrivent, je n’ai besoin que d’une demi-seconde pour comprendre que le pain est un désastre. Vieux, sec, insipide. On aurait pu s’en servir comme base pour une panure. J’en reviens pas qu’ils aient osé servir ça. La garniture en revanche était correcte. On partage comme toujours avec Dom, et là encore, même punition sur sa focaccia : pain sec, pâteux, indigne d’une vraie boulangerie. Le café latte, lui, est ok.
On essaie de rester positifs, en se disant que peut-être le pain n’est pas leur point fort — ce qui est quand même ironique dans une boulangerie. Alors on tente de se rattraper sur le sucré. Cannoli, sfogliatelle… on mise sur des classiques. On choisit des sfogliatelle, garnies à la pistache et au chocolat, mais le gérant est incapable de nous dire qui est qui. On reçoit donc des sfogliatelle à la crème de citron et au chocolat. Je croque dans la mienne… et c’est l’horreur. Un goût indescriptible de vieille huile, rance, quelque chose de très ancien, très sec et mauvais. Le genre de goût qu’on n’oublie pas, malheureusement. Il me reste en bouche des heures durant.
Dom goûte la seconde, un peu moins atroce, mais elle reste fatiguée. Moi, j’abandonne. Mais Dom, fidèle à sa réputation de « gars qui veut pas faire de vagues », finit tout. Honnêtement, je ne sais pas comment. J’espérais juste qu’il n’allait pas tomber malade.
Je suis en colère, et un peu fâchée contre moi-même. D’habitude, j’ai un bon instinct pour choisir les adresses. Là, tout est raté. Le pain. Les pâtisseries. Dans un endroit censé être à la fois boulangerie et pâtisserie. Même les dernières gouttes de mon latte ne suffisent pas à faire disparaître ce goût en bouche. On quitte les lieux en se sentant… sales. Oui, littéralement. Et tout m’énerve : le sol un peu crade, la porte d’entrée laissée grande ouverte alors qu’il fait 7 degrés.
Heureusement, la suite de notre promenade nous redonne un peu d’élan. On flâne dans plusieurs petits magasins, avec chacun leur propre ambiance. Le premier est entièrement consacré à l’univers de Harry Potter — forcément, on reste dans le thème. Un autre, plus éclectique, propose une collection improbable d’articles liés à la magie, des T-shirts à l’humour noir, des goodies de K-pop, des vinyles, des CD… bref, un joyeux mélange entre sorcellerie et pop culture. Je tombe sur des T-shirts Grimlins en mode rockstar, et ça me fait sourire. J’ai toujours eu un faible pour ces petites créatures, j’ai même une figurine chez moi. Alors pour le fun, j’en prends un pour moi, et un pour ma sœur.
Dom voit des bâtonnets d’encens étiquetés comme contenant du « venin de serpent ». Je n’ai pas pu résister. Un peu plus loin, je découvre des cartes postales à l’humour noir, délicieusement grinçant — évidemment, je craque. Aujourd’hui, j’avais envie d’être dans ce mood un peu sombre, un peu étrange. C’est ce que cette ville m’inspire depuis le moment où j’y ai posé le pied.
On pousse ensuite la porte d’un autre magasin, spécialisé dans les articles en tweed. Les produits étaient vraiment sympas mais je ne saurais vraiment pas comment porter ça sans me transformer en détective écossais. Finalement, on atterrit dans un bon vieux Uniqlo comme on les aime, et on monte à l’étage. C’est là qu’on découvre un petit coin où l’on peut commander du thé et quelques douceurs.
Je meurs de soif, et l’endroit semble parfait pour faire une pause. Il reste justement une seule table libre. On s’installe avec Dom, et on commande un Genmaicha latte et un Hōjicha latte, accompagnés d’un Ichigo Daifuku. J’avais absolument besoin d’effacer le goût ignoble laissé par le sandwich du matin. Les deux thés sont excellents, et j’aime bien leur originalité par rapport aux thés lattés qu’on trouve habituellement. La serveuse est adorable, et c’est elle-même qui prépare les boissons. Elle semble être japonaise, ce qui explique peut-être la qualité de ce petit coin de réconfort inattendu.
Après notre petite pause thé bien méritée chez Uniqlo, on ressort enfin, requinqués. En marchant encore un peu, on tombe sur le Scott Monument. Impossible de le manquer : cette immense structure gothique d’un noir profond semble jaillir du sol comme un pic de pierre. Il est impressionnant, et son style accentue encore cette atmosphère sombre et mystérieuse que dégage Édimbourg.
Monument emblématique : Scott Monument
Le Scott Monument est l’un des monuments emblématiques d’Édimbourg. Il a été érigé en 1846 en l’honneur de l’écrivain écossais Sir Walter Scott, célèbre pour ses romans historiques comme Ivanhoé ou Rob Roy. De style gothique victorien, il mesure plus de 60 mètres de haut, ce qui en fait l’un des plus grands monuments au monde dédié à un écrivain. Sa façade noire, marquée par le temps et la pollution, lui donne un aspect à la fois sombre et majestueux, presque inquiétant. Il est possible de gravir ses 287 marches pour profiter d’une vue panoramique sur la ville. À sa base, une statue de Scott est assise calmement, un livre à la main, accompagné de son chien fidèle Maida.
Puis on rebrousse chemin en longeant la rivière, ce qui nous permet de passer devant la Scottish National Gallery. L’architecture néoclassique du bâtiment attire tout de suite l’œil. Ses colonnes et sa forme évoquent très clairement les temples grecs, ce musée, avec sa façade imposante, semble presque hors du temps.
On continue ensuite notre marche en direction de la vieille ville. Et là, c’est une nouvelle ambiance qui se déploie sous nos yeux. On entre dans un autre monde : les briques brunes, les grandes rues pavées, les bâtiments élancés… tout rappelle l’univers des films Harry Potter. On a presque l’impression de se promener dans un décor de Poudlard, mais grandeur nature.
C’est alors que notre regard se pose sur la cathédrale St Giles. Imposante, sombre et majestueuse. On entre. L’intérieur est calme, un peu frais, et baigné d’une lumière colorée filtrée par de magnifiques vitraux. Dom les trouve incroyablement détaillés, bien plus que ceux qu’il a pu voir ailleurs. Et les couleurs sont tout aussi saisissantes.
Symbole spirtuel et historique : la Cathédrale St Giles
La cathédrale St Giles est l’un des symboles spirituels et historiques d’Édimbourg. Fondée au XIIe siècle, elle est dédiée à Saint Gilles, le saint patron des handicapés et des mendiants. Bien qu’on l’appelle souvent “cathédrale”, elle n’a techniquement jamais été le siège d’un évêché. Elle reste néanmoins l’église mère du presbytérianisme écossais et un haut lieu de la Réforme protestante menée par John Knox, dont la statue trône d’ailleurs à l’intérieur.
Son architecture mélange plusieurs styles, du roman au gothique, avec notamment une coupole unique en forme de couronne, visible de loin, qui est devenue l’un des symboles visuels de la ville. À l’intérieur, on trouve une magnifique série de vitraux colorés, des sculptures détaillées, des monuments commémoratifs, ainsi que la célèbre Thistle Chapel, petit chef-d’œuvre caché.
Un peu plus loin, on pousse une porte qui mène vers une pièce à part. Une salle presque secrète, faite principalement de bois sculpté. Il y règne une odeur très particulière. Moi, je dirais que ça sent le vieux bois, mais Dom, lui, penche pour… la pisse. En réalité, c’est bien le bois ancien, saturé d’histoire et d’humidité, qui donne cette fragrance si particulière. En observant les murs, on se rend compte que toute la pièce est ornée de gravures détaillées : des petits animaux, des créatures cachées, incrustées partout dans les boiseries. On est complètement fascinés.
Un petit sanctuaire : Thistle Chapel (St Giles)
Dans l’enceinte de la cathédrale St Giles, se trouve une petite pièce en bois à l’atmosphère unique : la Thistle Chapel. Il s’agit du sanctuaire de l’Ordre du Chardon (Order of the Thistle), l’ordre de chevalerie le plus prestigieux d’Écosse. Construite en 1911, cette chapelle minuscule est un joyau caché, entièrement faite de boiseries sculptées. On y trouve des animaux gravés dans le bois, des blasons, des motifs symboliques — un travail d’orfèvre. L’odeur caractéristique du vieux bois emplit la pièce. C’est un lieu silencieux, intime, presque mystique. Chaque stalle (siège) est dédiée à un membre de l’ordre, et surplombée de son heaume et de son écusson.
On poursuit notre exploration en prenant encore quelques belles photos. Avant de sortir, on fait un tour par la boutique de souvenirs. Rien ne nous séduit vraiment, à part quelques savons artisanaux — mais rien d’urgent, on se dit qu’on pourra y repasser plus tard. Puis, doucement, on ressort de la cathédrale, avec l’impression d’avoir traversé plusieurs époques en quelques heures.
Après notre visite de la cathédrale, on reprend la route avec un objectif en tête : le cimetière de Greyfriars, célèbre pour ses légendes locales, son chien fidèle Bobby, et ses liens supposés avec l’univers de Harry Potter — plusieurs tombes ici auraient inspiré les noms de certains personnages à J.K. Rowling.
Mais avant d’y arriver, notre chemin nous mène devant un autre lieu… inattendu : le bar Frankenstein. J’en avait entendu parler par ma sœur. Ambiance totalement délirante, entre film d’horreur vintage et attraction foraine. Et juste à côté, on passe devant le fameux Elephant House, ce café où Rowling aurait écrit les premiers chapitres de sa saga. Le lieu est temporairement fermé suite à un incendie, mais des affiches et photos en façade rendent hommage à son importance dans la légende Harry Potter.
On entre donc dans le bar Frankenstein, accueillis par une immense statue du monstre, entre deux et trois mètres de haut, qui semble nous toiser à l’entrée. Déjà, des rires sinistres résonnent autour de nous, un son sourd et inquiétant comme dans un vieux film d’épouvante. On pense évidemment à un effet sonore prévu pour coller au thème… mais en s’approchant de la salle principale, on réalise qu’il s’agit en réalité… de vrais clients. Oui, des gens qui rient très fort, avec un rire de sorcière parfaitement flippant. Ambiance garantie.
On trouve une table au fond à droite, dans un petit coin. L’endroit n’est pas encore bondé — il est encore assez tôt — ce qui est un luxe selon les avis Google qui décrivent l’endroit comme invivable à certaines heures. Là, c’est calme, et on en profite. On commande deux bières au comptoir : une Tennent’s, typique écossaise, et une Paoluzzi, un peu plus douce. On ramène nos verres à notre table, et on prend notre temps pour déguster. Ce n’est plus trop notre habitude de boire de la bière mais ça passe bien dans cette ambiance.
Et puis, tout à coup, du coin de l’œil, Dom remarque un serveur qui monte un petit escalier derrière le bar, l’air de rien. Il active un mécanisme… et là, le spectacle commence. Un mini-show se déclenche : de la fumée verte s’échappe du plafond, des éclairs de lumière jaillissent, la musique s’intensifie, et Frankenstein lui-même surgit d’un anneau mural suspendu en l’air. C’est un animatronic — une sorte de mannequin robotisé — qui descend lentement, couché sur un brancard. Il se redresse d’un coup, et sa tête se tourne lentement vers les différentes tables, comme s’il scrutait la salle. L’ambiance est folle : c’est kitsch, c’est théâtral, c’est parfait. Puis aussi vite qu’il est apparu, Frankenstein remonte dans sa cachette. Rideau.
On reste encore un moment après ce petit spectacle, histoire de finir nos bières tranquillement. Puis, par curiosité, on monte à l’étage supérieur. On n’était pas sûrs que ce soit ouvert, mais si, c’est accessible — et on peut y admirer toute la salle principale du bar d’en haut, avec une vue sympa sur la déco. L’atmosphère générale, mélange de vieux cinéma d’horreur et de fête foraine gothique, est franchement réussie.
Quand on sort enfin du bar, une dernière surprise nous attend : un éclat de rire sinistre retentit dans notre dos, juste derrière nous. C’est la grande statue de Frankenstein qui s’illumine et pousse un dernier cri dans la nuit. Dom me regarde, un peu dans le flou, et lâche : « Je crois que je suis complètement bourré. » Ça promet pour la suite.
En sortant du bar Frankenstein, on fait quelques pas à peine et nous voilà déjà devant l’entrée du cimetière de Greyfriars. Pour être honnête, je ne suis pas ultra emballée à l’idée de me promener au milieu des tombes, même historiques. Mais Dom m’explique que pour les Écossais, ces lieux sont presque des parcs. Qu’on y vient flâner, discuter, parfois même manger un sandwich sur un banc. J’ai un peu de mal à me faire à cette idée, mais je décide de le suivre.
La première chose que l’on voit en entrant, c’est la fameuse statue de Bobby, le petit chien qui aurait veillé sur la tombe de son maître pendant 14 ans. Il y a même sa propre pierre tombale, juste à côté.
Le chien fidèle : Greyfriars Bobby
Impossible de parler de Greyfriars sans évoquer Bobby, le chien le plus célèbre d’Écosse. Ce Skye Terrier est devenu une légende pour avoir veillé, jour et nuit, pendant 14 ans, sur la tombe de son maître, John Gray, décédé en 1858. Touchés par sa fidélité, les habitants d’Édimbourg ont pris soin de Bobby jusqu’à sa mort. En 1873, une statue commémorative est érigée en son honneur juste à l’entrée du cimetière, et Bobby reçoit même sa propre pierre tombale, où l’on peut lire : “Let his loyalty and devotion be a lesson to us all.” Aujourd’hui encore, il est de coutume de caresser le museau de la statue pour porter chance.
On commence ensuite à se promener dans le cimetière, à la recherche des tombes qui auraient inspiré J.K. Rowling pour certains noms de personnages dans Harry Potter. Il faut dire que l’atmosphère s’y prête totalement : entre les pierres tombales penchées, les inscriptions effacées, la mousse qui s’infiltre partout… il y a comme une poésie sombre dans cet endroit.
Je remarque plusieurs pierres tombales absolument gigantesques, gravées de textes très détaillés. Je me dis que ces personnes devaient avoir les moyens, ou du moins que la mémoire de leur vie importait vraiment à leurs proches. Aujourd’hui, en 2025, je doute qu’on ait droit à des monuments de cette ampleur. Ou alors, peut-être qu’à l’époque, on mettait tout par écrit, même pour la postérité, sur pierre. L’humidité, le vent, les siècles… tout a noirci la pierre. Certaines sont carrément tombées, allongées dans l’herbe. Je les imagine, ces familles, vouloir les redresser. Mais tout ça date d’il y a des centaines d’années.
Finalement, on finit par trouver les tombes qu’on cherchait. Bon, on avoue, on a un peu triché avec Google pour aller plus vite. Mais elles sont bien là, avec des noms familiers — Riddle, McGonagall… La magie d’Édimbourg opère.
Légendes et inspiration : Cimetière de Greyfriars
Le cimetière de Greyfriars, situé en plein cœur d’Édimbourg, est bien plus qu’un simple lieu de repos éternel. Créé au 16e siècle sur les ruines d’un ancien couvent franciscain, il est aujourd’hui célèbre pour ses légendes locales… et pour avoir été l’une des sources d’inspiration de J.K. Rowling. En effet, plusieurs tombes y portent des noms très familiers aux fans de Harry Potter : Thomas Riddell, William McGonagall, ou encore Elizabeth Moodie. Mais au-delà des clins d’œil littéraires, le cimetière est aussi réputé pour ses phénomènes dits “paranormaux”, notamment autour du mausolée de George Mackenzie, surnommé le Mackenzie Poltergeist. Flâner dans Greyfriars, c’est comme feuilleter un vieux roman gothique grandeur nature.
En s’apprêtant à quitter les lieux, on passe devant la chapelle Greyfriars Kirk, située juste à côté. Devant l’entrée, une affiche attire notre attention : dans à peine une demi-heure, vont débuter les Scottish A Cappella Championships. Oui, oui. Des battles vocales entre universités écossaises. On se regarde. C’est improbable. Donc forcément, on prend nos billets en ligne, et on entre.
À l’intérieur, on se rend vite compte qu’on est très probablement les seuls touristes. L’ambiance est familiale, presque intime. Beaucoup de jeunes sont là, habillés pour l’occasion. Ils se saluent, se reconnaissent, se retrouvent. Il y a aussi des parents, des profs, des amis, assis ici et là. Nous, on est bien placés, sur la dernière rangée de la première section, avec une bonne vue sur la scène.
Le show commence, présenté par deux jeunes filles qui enchaînent les blagues et introduisent les membres du jury — visiblement des pointures du monde de la chorale. On s’attendait à quelque chose d’un peu solennel, un peu figé. Mais pas du tout. Chaque groupe qui monte sur scène envoie une performance dynamique, avec des chorégraphies.
On assiste à quatre ou cinq performances avant l’entracte. C’était déjà beaucoup plus que ce qu’on avait prévu. À la pause, on se lève, ravis, et on décide de quitter la chapelle. Le spectacle allait durer jusqu’à 22h, et on commençait à avoir sérieusement faim.
Pour terminer cette journée bien remplie, on choisit d’aller dîner à la Pizzeria 1926, repérée plus tôt dans la journée pendant notre balade. Ce qui a immédiatement attiré mon attention, c’est le logo bien connu de l’Associazione Verace Pizza Napoletana affiché fièrement sur la vitrine. C’est un vrai gage de qualité : seuls les établissements ayant passé toute une série de tests validés par de vrais pizzaiolos napolitains peuvent l’obtenir.
L’intérieur est un hommage vibrant à Naples et à son club de foot. Beaucoup d’éléments sont bleu azzurro, des murs au four à pizza, et on sent bien que le gérant voue une passion sans limite à l’équipe du Napoli et, bien sûr, à Maradona. À ce niveau-là de dévotion, il ne fait aucun doute : on est chez un vrai Italien.
Pour commencer, on partage une parmigiana et une mozzarella in carrozza. Les deux entrées sont bien réalisées, réconfortantes, avec des saveurs familières. On les accompagne d’une birra Moretti non filtrée, twistée avec du sel de mer — une première pour moi. L’association est surprenante, mais intéressante.
Les pizzas arrivent ensuite. On a choisi une classique Margherita, toujours un bon test, et une version plus relevée à base de salami piccante, censée inclure de la ‘nduja, cette saucisse calabraise bien connue. La Margherita est bonne, je suis satisfaite. Dommage pour la ‘nduja que je n’ai absolument pas retrouvée sur l’autre pizza. En revanche, ce que j’ai bien identifié, c’est la pâte de piment, étalée avec une générosité sans limite. Mon palais était littéralement en feu. J’ai eu du mal à terminer.
L’ambiance dans le restaurant est animée : le serveur qui nous apporte les plats arbore fièrement un énorme tatouage d’Itachi Uchiwa de Naruto sur tout l’avant-bras gauche, et à la grande table d’à côté, un groupe d’Italiens fête un anniversaire, dans le bruit et les rires. Un dernier détail rigolo : chaque pizza porte le nom d’un joueur du Napoli. J’ai reconnu Maradona. Et… c’est tout. Désolée Papa.
Sur le chemin du retour, on s’arrête dans un petit supermarché pour faire quelques emplettes de base : des masques pour le visage — parce que nos petites peaux fragiles ont bien mérité un peu de douceur —, de l’eau et du thé pour les prochains jours. Il est déjà tard, la nuit est tombée depuis un moment, et nos jambes commencent à bien accuser les kilomètres.
De retour à l’appartement, on se dit qu’on pourrait peut-être avancer un peu de travail. Mais honnêtement, l’énergie nous a complètement quittés. Il est déjà plus de dix heures. Alors on fait comme tout bon couple d’adultes raisonnables : on regarde une ou deux vidéos de nos YouTubeurs français préférés pour décompresser, puis on s’installe sous la couette.