Edimbourg #19
Journée 19 – 24 mars 2025
Lumière magique et potion d’amour
L’appel des oiseaux
Aujourd’hui, je me réveille doucement, bercée par un concert inattendu mais si familier : celui des oiseaux. Et pas n’importe lesquels — j’entends même des hibous. Ces petits sons que je n’entendais plus depuis longtemps me rappellent à quel point la nature, même en pleine ville, peut surprendre et réconforter. Il y a quelques jours encore, je disais à Dom que ces chants-là semblaient avoir disparu de mon quotidien. Alors forcément, je reste un peu plus longtemps dans le lit, juste pour les écouter.
Pendant ce temps, Dom s’est levé bien plus tôt. Il avait prévu une session de travail dans la matinée, car un rendez-vous était initialement prévu à 13h. Il s’installe, prépare du thé, et commence à organiser son espace. Moi, je me lève tranquillement, je prends une bonne douche chaude, puis je le rejoins. Dom réarrange une fois de plus le salon — c’est devenu une habitude dans les AirBnB — pour optimiser notre petit coin bureau. La table glisse doucement vers une prise, les chaises trouvent une nouvelle fonction, et hop, notre “open space” prend forme. On travaille un peu, on boit du thé, et on discute de la journée de la veille, tout en se réjouissant de celle à venir.
Le soleil perce à travers les rideaux. Le rendez-vous de Dom est finalement reporté au lendemain : une bonne nouvelle qui libère entièrement notre journée. On décide donc de profiter de cette météo rare et lumineuse pour sortir faire quelques photos de notre collection de vêtements, l’accent est mis sur Synapse — pièces issues de notre collaboration avec un artiste biennois.
Sous la lumière écossaise
On se met en route, appareils photo et t-shirts dans le sac. Dès les premiers pas, c’est la lumière qui nous saisit : celle qui rend Édimbourg si spéciale. Le vent souffle un peu au début, mais très vite, tout se calme. Le ciel se dégage franchement, laissant le soleil illuminer les pierres sombres des bâtiments. Ces tons brunâtres, grisâtres, parfois presque verdâtres, donnent à la ville une ambiance presque surnaturelle. C’est un cliché de dire qu’on a l’impression de marcher dans un décor d’Harry Potter — mais ici, ce n’est pas juste un cliché. L’atmosphère entière donne cette sensation d’un monde parallèle, mystérieux et charmant à la fois.
Très vite, on tombe sur un petit chat roux, en pleine exploration, qui semble chercher les coins les plus ensoleillés du quartier. Il vient à notre rencontre sans hésitation, en quête de quelques caresses. Tara, qui pensait avoir oublié ses lunettes de soleil, les retrouve finalement au fond de son sac — ce qui nous évite un aller-retour à l’appart.
On fait quelques premiers arrêts photos devant de beaux murs, portes, ou fenêtres à l’ancienne. Les textures, les jeux d’ombre, tout est parfait pour shooter les t-shirts exclusifs Koye. D’ailleurs, si vous lisez ces lignes, vous savez ce qu’il vous reste à faire : koye.shop. Vous connaissez.
Pause café et accents écossais
On s’arrête un peu plus loin dans un petit café noté très positivement sur Maps (je vous retrouverai le nom plus tard). L’endroit vend des sandwiches et du café. On commande un “Milano”, un “Mexican Chicken”, deux grands lattes, et au dernier moment, on ajoute un muffin au chocolat. En arrivant à la caisse, un truc drôle se produit : la serveuse qui encaisse Dom pose une question… que nous ne comprends absolument pas. Son accent écossais est si fort que même après deux tentatives, Dom n’y saisis pas un mot. Heureusement, sa collègue intervient et répond pour nous: “non, c’est tout bon.” On ne saura jamais ce qu’elle me demandait. Mystère total.
Je repère deux places près de la vitrine, baignées de lumière. On s’installe, on partage les sandwiches et les cafés. La serveuse indique à Dom que le “Mexican Chicken” est une toute nouvelle recette. Elle lui demande de lui faire un retour après. Spoiler : il était bon. Il n’oubliera pas de repasser le lui dire à la fin. Moi, j’ai un peu de mal à boire mon latte chaud — je me suis brûlé le palais en mangeant la parmiggiana hier soir. On prend notre temps, on regarde un peu l’itinéraire de la suite de la balade, on profite de cette pause douce et ensoleillée.
Avant de rentrer dans le café, on avait déjà fait une petite séance shooting au niveau d’un arrêt de bus, juste en face. Dom jouait les mannequins de trottoir, pendant que je filmais et prenais des photos depuis l’autre côté de la rue. Une belle dynamique, qui, je l’espère, rendra bien dans les reels.
Une parenthèse sur les bancs de l’université
On repart, repus et réchauffés. On reprend notre marche à travers les ruelles, les coins photogéniques ne manquent pas. On arrive bientôt au bas des fameux escaliers de Vennel, qui offrent un point de vue réputé sur le château d’Édimbourg. On grimpe. Il y a un peu de monde en haut, la vue est jolie, mais pas aussi spectaculaire qu’on l’imaginait. On fait tout de même quelques photos et une petite selfie avant de poursuivre notre chemin.
En poursuivant notre balade, on passe devant l’Université d’Édimbourg. Un petit chemin attire notre attention, bordé de bâtiments anciens au charme certain. On bifurque sans trop réfléchir, curieux de découvrir un bout de ce campus légendaire. L’endroit est calme, élégant, chargé d’histoire.
Je m’arrête un instant pour observer les étudiants. Il y a quelque chose de nostalgique à les regarder évoluer ici. Je les imagine arrivant pour leur première année, à peine majeurs, les yeux pleins de rêves et de questions. Certains viennent peut-être de l’autre bout du pays — ou du monde — et découvrent l’indépendance, la ville, le frisson de la nouveauté. Peut-être même l’amour.
Dom, lui, capte au vol une conversation entre deux étudiantes. L’une confie à l’autre qu’un garçon lui a dit qu’il ne la voyait que comme une amie… alors qu’il insiste pour qu’ils soient toujours assis côte à côte en cours. On se regarde, on sourit. Ah, la complexité de la vingtaine.
On ne fait que passer, mais cette incursion sur le campus aura été une jolie parenthèse. Notre vraie destination du jour, c’est plus loin. Direction : Arthur’s Seat.
Moment nostalgique : L’Université d’Édimbourg
Fondée en 1582, l’Université d’Édimbourg est l’une des plus anciennes et prestigieuses institutions d’enseignement supérieur du Royaume-Uni. Elle a accueilli dans ses murs de nombreuses figures historiques, telles que Charles Darwin, Alexander Graham Bell, ou encore Sir Arthur Conan Doyle. Installée en plein cœur de la ville, l’université est répartie sur plusieurs campus, dont certains bâtiments historiques — comme Old College — impressionnent par leur architecture classique.
Mais au-delà de son prestige académique, ce qui frappe le visiteur de passage, c’est l’atmosphère unique qui s’en dégage. Voir les étudiants déambuler sur les pavés, entre vieux murs et bibliothèques anciennes, rappelle à quel point Édimbourg est une ville profondément ancrée dans le savoir, la recherche et la jeunesse.
Arthur’s Seat : au sommet d’Édimbourg
Rejoindre le pied de l’Arthur’s Seat est déjà en soi une petite expédition. Il nous faut un bon moment de marche avant d’y parvenir, d’autant plus qu’on fait des arrêts réguliers pour prendre des photos ou explorer un recoin qui nous intrigue. La lumière est belle, les paysages sont magnifiques, et chaque détour nous offre une nouvelle perspective. Une fois au pied, on lève les yeux : 40 minutes annoncées pour atteindre le sommet. Évidemment, on mettra plus. Les pauses shooting et l’envie de tout voir rallongent doucement le parcours.
Mais on arrive pile au bon moment. Le soleil commence à se coucher, et le sommet nous offre une vue à couper le souffle. Honnêtement, j’étais un peu sceptique. Le nom « Arthur » me faisait craindre une attraction un peu trop romancée. Mais en réalité, cette montée restera sans doute comme l’un des grands moments de notre séjour à Édimbourg. Le vent souffle fort là-haut. Très fort. Il faut mériter cette vue, non seulement par la montée, mais aussi par sa résistance au froid.
Et pourtant — et c’est là que je reste sans voix — je croise plusieurs personnes… en short. Oui, en short. Au sommet de l’Arthur’s Seat, en plein vent glacial. Je continue de m’interroger : comment font-ils ? Je les imagine voyager dans un pays chaud et littéralement fondre sur place. Ils doivent être construits différemment, ce n’est pas possible autrement.
On s’assied un moment, sans parler. On regarde. On respire. Puis, on se relève, on sort à nouveau les appareils, et on bombarde le sommet de photos dans la lumière dorée. Avant de repartir, on s’approche de la stèle marquant le point le plus haut. J’hésite à la toucher : avec le vent qui me pousse, j’ai littéralement peur de m’envoler.
Sur le chemin du retour, Dom a une idée qui me fait sourire. Les collines autour de nous lui rappellent le paysage du Seigneur des Anneaux. Ni une ni deux, il lance la bande originale des films sur son téléphone. Puis celle du Hobbit. On descend la colline comme deux petits hobbits rentrant à la Comté, lui avec un grand sourire aux lèvres, et moi amusée par son enthousiasme décuplé. Un vrai moment de cinéma.
Un sommet volcanique : Arthur’s Seat
Arthur’s Seat est le point culminant de Holyrood Park, un vaste espace naturel situé à seulement quelques pas du centre-ville d’Édimbourg. Ce sommet volcanique éteint, qui s’élève à environ 251 mètres, offre un panorama à couper le souffle sur la ville, la mer du Nord et les collines environnantes.
Son nom évoque des légendes anciennes : certains pensent qu’il pourrait être lié au Roi Arthur, bien que cela n’ait jamais été confirmé historiquement. L’ascension dure environ 40 minutes, mais les différents chemins, les rochers battus par le vent et les vues spectaculaires font de cette montée une aventure à part entière.
C’est un lieu incontournable pour tous ceux qui veulent voir Édimbourg sous un autre angle — à condition d’avoir une bonne paire de chaussures… et un bonnet bien serré !
Le Department of Magic : cocktails et enchantements
De retour en ville, on décide de se réchauffer avec un bon verre. On choisit un endroit repéré un peu plus tôt : le Department of Magic. On pousse la porte et on découvre un lieu immersif. Le thème n’est pas seulement celui de la magie façon Harry Potter — Dom me montre aussi une réplique de l’épée du Witcher accrochée au mur. Des clés suspendues au plafond, un dragon endormi, des fioles, des grimoires : tout ici est pensé pour l’ambiance.
Une belle surprise nous attend aussi à la carte : de nombreuses variantes sans alcool. Butterbeer sans alcool, mocktails, et même des potions vierges. C’est chouette, surtout pour un lieu aussi immersif. On choisit chacun un cocktail à préparer soi-même. Dom opte pour le Liquid Gold, moi pour la Potion Number 9. On prend aussi une Butterbier virgin avec de la crème — assez spéciale.
Je ne savais pas que ma potion était une potion d’amour. On me demande d’écrire le nom de mon amoureux (coucou Dom) sur un petit bout de papier, avec une plume trempée dans l’encre. Je le glisse ensuite dans une solution magique que je suis censée boire. Petit doute sanitaire, je vous l’avoue. Il y a aussi des paillettes à saupoudrer et plusieurs fioles à mélanger. Deux d’entre elles sont transparentes, impossible de les distinguer. Il est dit que si ma potion change rapidement de couleur, cela signifie que ma relation est vouée à être courte. Je choisis à l’aveugle… et la potion change très vite de couleur. Aïe. Heureusement, on fête bientôt nos 11 ans.
En me retournant, je remarque une étagère pleine de jeux de société. Je choisis un petit jeu qui semble simple : Shut the Box. On passe bien une demi-heure à jouer, à réapprendre les règles, et à se challenger. Je l’ai battu plusieurs fois. Hehe.
Un bol de ramen bien mérité
Après notre passage au Department of Magic, on avait repéré un restaurant pour le dîner. Mais au moment de s’y rendre, mauvaise surprise : il ferme à 21h. Et ce n’est pas un cas isolé. À Édimbourg, beaucoup de restaurants semblent baisser le rideau assez tôt — un détail auquel on ne s’attendait pas du tout, et qui nous oblige à réajuster nos plans.
On finit par dénicher un autre endroit, et oui, encore un japonais. Mais avec ce vent glacial, nos estomacs ne réclament qu’une chose : des ramens bien chauds. Le lieu s’appelle Hibiki. En entrant, on hésite un instant : la salle est vide. On demande au serveur s’ils sont encore ouverts. Il nous accueille avec un grand sourire et nous installe sans attendre, nous servant deux verres d’eau bien fraîche avec une tranche de citron. Simple, mais exactement ce qu’il nous fallait.
On consulte la carte et, comme d’habitude, on met au point une petite stratégie de partage. Deux entrées à déguster ensemble : des tempuras (je n’ai cessé d’en parler depuis le Portugal) et du chicken karaage. Les deux sont bien réussis : le poulet est tendre, la panure est croustillante, et les tempuras offrent une belle variété de légumes.
Puis viennent les ramens. On a tous les deux choisi le tonkotsu. Les nouilles sont un poil trop cuites à mon goût, et Dom n’est pas totalement convaincu par le bouillon. Mais globalement, ça fait le job pour une fin de journée comme celle-là. On reste seuls tout le long dans le restaurant, ce qui me laisse un petit pincement au cœur quand je pense à la gentillesse du serveur.
En attendant que la digestion commence, on fait défiler les photos de la journée sur mon appareil, puis on passe sur le téléphone de Dom pour revoir tous les souvenirs accumulés depuis le début du voyage. On rigole, on se remémore des scènes déjà oubliées, c’est un joli moment.
Avant de partir, le serveur nous demande ce qu’on compte faire ensuite. On lui répond qu’on va… aller dormir. Il éclate de rire et nous dit que c’est très bien aussi. Et effectivement, après une telle journée, on n’a qu’une envie : retrouver notre petit cocon.
Dehors, le vent est de retour. Il fait un froid mordant, un de ceux qui ne laissent aucune chance. Je sens que mon corps n’arrive même plus à produire de chaleur. Dom propose de prendre un bus, je réponds oui immédiatement. Quelques minutes plus tard, on est de retour à l’appartement.